D’abord, il y a eu l’euphorie de se dire que « pour le moment on n’a rien », ensuite vient le réveil en pleine nuit, la surprise… puis la stupeur, l’impuissance, se sentir capable de « sauver les meubles » comme on dit, se rendre compte que non… tu vas rien sauver en fait, à part ta petite gueule si tu te débrouilles bien !
Voir petit à petit tout s’engloutir dans un bain de mi-nuit de boue glacée et puante, le choc, les chocs qui s’accumulent… ton frigo qui te tape dans le dos, des flashs spéciaux ou tu commences à penser que le monstre du Loch-Ness va sortir la tête et te bouffer !
Se dire que finalement on avait mal compté son nombre de vies… c’est peut-être la dernière qui se finit, celle-ci.
Puis non, sa mère… il fait trop froid bordel, ça a l’air chiant à crever de mourir !
Se débattre, des heures… casser une porte impossible à péter à mains nues en temps normal, se retrouver sur son toit en slip mouillé sous une petite pluie de fils de pute typiquement belge, tu vois celle qui te crache dessus !
Cavaler par des toits, des chemins de fer, se voir de l’extérieur… se faire de la peine au point de chialer un bon coup !
État de choc… impossible de réfléchir, de réaligner ses frites dans le cornet, de faire des phrases autres qu’en langage des signes, de marcher en pilotage automatique !
Accuser le coup les mains se réchauffant autour d’un café dans un endroit qui m’est cher, là pour moi et qu’au moins je n’ai pas perdu (mon boulot !), réfléchir et se dire qu’une telle chose n’est pas possible… pas « naturelle », car tu te rappelles que tu es né et habites dans le pays de la pluie… dans la ville dites « de l’eau » et que non, ce n’est pas climatique, non !
Qu’une très forte pluie tombe en octobre… en mars ou en juillet, c’est une forte pluie, c’est tout !
Entendre des flashs infos… sortir, voir sa ville montée en l’air puis claquée au sol comme une merde molle !
Se sentir aimé et respecté comme jamais auparavant alors que paradoxalement… on pue la merde au sens (pas) propre comme au figuré.
Se rendre compte que clairement, naturellement… tout ceci n’est pas possible, que ce n’est pas une pluie, ni une forte pluie, mais tout plein de fortes pluies contenues et mal régulées… mal gérées !
Commencer à se prendre la tête sur la suite… que vais-je devenir, et surtout pourquoi… pourquoi c’est arrivé, en fait !?
Je suis à fond dans l’analyse, les relations de causes à effets, et le rôle qu’on a dans ce qui nous arrive… l’ai-je peut-être mérité !?
Et ne pas vraiment sortir de son état second… doucement ressentir les choses, avoir envie de les ressentir au plus fort, mais en ayant peur de les ressentir… envie de voir du monde en voulant rester seul… avoir envie de baiser si fort avec la première femme qui vous fait vibrer à l’instant cadeau… l’instant présent, baiser la vie… faire des choses dans son être, vibrer à fond !
Puis approcher la colère… envie de casser une tête ou l’autre mais avec trop d’amour à distribuer à la fois, avoir envie de savoir… savoir si son intuition était juste, savoir si oui c’est une responsabilité « humaine » et qui en est responsable…
Non, pas coupable, mais juste responsable en fait… qui décide, qui prend les commandes, qui donne les cartes… qui passe l’éponge !?
Et finalement, avoir raison… j’aurais préféré avoir tort mais c’est bien ça, un truc qui aurait facilement pu être évité !
Sauf que… c’est à l’image d’énormément de choses de la vie ces dernières décennies, des responsables sans responsabilité… des gestionnaires sans gestion !
Et ce n’est plus possible… plus acceptable, quand tu perds un peu… tu as de l’indulgence, de l’empathie, tu « peux comprendre ! » mais là… désolé mais non, oui je comprends même si tu veux mais hors de question d’accepter et d’en rester là !
Il va falloir s’en sortir, rebondir… en route !
« Humain »… tentant de créer quelque chose, hors de pas grand-chose.
Irfan Aralone Kurtulus