Verviers, la cité perdue...
Le mercredi 14 juillet 2021, Spa était inondée et faisait la une de tous les médias jusqu’en Australie !
Il pleuvait toujours plus sur des sols déjà gorgés d’eau.
La rue en pente où j’habite était transformée en torrent.
La catastrophe d’une ampleur sans précédent dans la vallée de la Vesdre a eu lieu dans la nuit, le jeudi 15 juillet 2021 à 2h10 du matin : une première vague a déferlé dans les rues étroites depuis Eupen vers Verviers et plus loin, puis une seconde vague à 3h15 du matin.
Je l’ai su dès mon réveil car ma sœur qui habite Renoupré m’avait laissé des messages affolés sur mon répondeur.
Là-bas, les habitants du quartier se sont rassemblés pour observer la montée des eaux presque minutes par minute, une habitante a vu passer un cheval emporté par les flots !
Vers 7h30, un ami de Verviers m’a téléphoné pour me dire qu’il n’y avait plus d’électricité mais je suis partie par le bois avec mes bottes pour rejoindre ma voiture que j’avais garée la veille sur les hauteurs de Spa et je suis arrivée rue des Martyrs, là où est mon atelier « Imprim’Express », un peu avant 9h.
Certains habitants, mais aussi tous les indépendants du quartier, étaient rassemblés dans la rue, hébétés.
Comme eux, j’ai regardé passer les flots d’eaux boueuses sur la Place Verte.
Je suis descendue prendre quelques photos.
La Ville était coupée en deux et on n’avait aucune idée de ce qui s’était vraiment passé.
Comme il n’y avait plus d’électricité nulle part, j’ai pris un marqueur et un carton, j’ai écrit « Fermé pour cause de fin du monde », j’ai collé l’écriteau sur la porte du magasin et je suis retournée parler avec les indépendants. Peu après, nous sommes tous repartis chez nous, complétement choqués.
J’ai suivi la suite des événements à la télévision et sur Facebook.
Dès le 17, j’ai imaginé la couverture d’un livre : l’image du marchand de ploquettes au sol, parce que c’était vraiment le symbole de la Ville dévastée, et j’avais déjà le titre en tête : « Verviers, la cité perdue… ».
J’ai posté un appel à photos et témoignages sur la page Facebook d’Imprim’Express.
Tout de suite, j’ai eu l’accord de deux photographes qui m’ont autorisée à utiliser librement leurs clichés.
Avec les témoignages de commerçants, d’un restaurateur, la « Lettre à ma Vesdre » de Carole Piron, une habitante de la Rue Saint Remacle, le récit de ceux que j’ai appelés « les héros du quotidiens » et pour finir, une analyse de la météo par Michaël Bléret, la brochure était bouclée.
Les témoignages sont poignants. Les photos, même en les voyant, on a de la peine à y croire.
L’idée de départ, déjà apparue dans mon esprit quand j’ai pris le Vieux Bourg en photo de loin et que j’imaginais tout ce que j’avais imprimé, tout ce qu’il venait de recevoir et qui était sans nul doute détruit, c’était qu’avec les bénéfices de la vente du livre, il y aurait moyen de pouvoir réimprimer gratuitement toutes ces commandes perdues.
Le but a été plus qu’atteint puisque plus de 5.000 brochures ont été vendues à ce jour.
Au fil des semaines, nous avons vu défiler des tas de photographies, de formulaires, des demandes aux assurances… Toute la misère de Verviers.
Nous avons aidé les gens dans la mesure de nos moyens et fait de notre possible pour répondre à toute cette détresse infinie.
Nous continuons à faire profiter de notre « cagnotte inondation », les indépendants qui se relancent progressivement.
Le chemin sera très long.
Spa, le 3 septembre 2022,
Claire Marquet.
Je m’appelle Claire Marquet, je suis née à Spa et j’y ai toujours habité.
Mon premier travail, jusqu’en 1990, était logopède en centres PMS, mais après 5 années, cette fonction a été supprimée, je n’avais soudain plus d’emploi.
Un peu par hasard, je me suis adressée à Imprim’Express car, suite à une formation au FOREM, j’étais à la recherche d’un endroit pour achever mon recyclage en « travaux de bureau ». On traversait déjà une crise de l’emploi à l’époque, fin des années 80.
Dans cet endroit de stage, je suis instantanément tombée dans le chaudron !
C’était au début du mois de juillet. J’ai fait un essai d’une journée et il fallait que je me décide le soir-même… pour commencer tout de suite à travailler !
J’ai donc dit oui.
Petit à petit, l’activité s’est développée et l’espace du numéro 30 de la rue des Martyrs devenait un peu étroit. L’occasion s’est présentée en 1992 de pouvoir déménager juste un peu plus haut, au numéro 36. Nous pouvions disposer là du double de la surface.
C’étaient vraiment les belles années de Verviers.
Fin juin 2001, Gaston Bedoret, le créateur de l’entreprise et vrai pionnier du secteur dès 1979, m’a passé le flambeau en douceur, je suis alors devenue la gérante…
Imprim’Express est un copy-service où le contact et le service du client sont très importants. C’est pourquoi, lors du cataclysme qui a touché Verviers en juillet 2021, il fallait que je trouve quelque chose pour aider à mon niveau.
Parce que tant de personnes familières étaient impactées.
C’est donc comme ça qu’est née la brochure « Verviers, la cité perdue ».